ELENWË ∆ « Sometimes what's in your head isn't as crazy as you think. »

Il se murmure que la nuit où Elenwë est née, une étoile filante pourpre a traversé le ciel marquant l'esprit de la druidesse qui mit au monde l'enfant, résultat des fêtes de Beltane. La jeune et belle druidesse avait pour la première fois un enfant, c'était une jeune femme, à peine sortie de l'adolescence, qui devait abandonner sa première-née. Mais elle n'était pas sans espoir de la revoir un jour. Et Eirein, car tel était son nom, interpréta la traînée dans le ciel comme la preuve qu'un jour, son enfant lui reviendrait. Ce fut donc détruite, mais sereine et confiante qu'elle laissa sa fille lui être enlevée. Cette nuit-là marqua aussi les villageois de Rocrouge lorsqu'Alanna Grethan, la femme du luthier mit également au monde une fille, Elenei qui possédait elle aussi, des cheveux de feu.

Et dans la nuit, un cavalier galopait, tenant contre lui la précieuse enfant qu'il viendrait chercher des années plus tard.

Durant des jours, Alanna resta enfermée chez elle, sa fille dans ses bras, tandis que son époux, Lothian, se murait dans le silence, refusant de dire si l'enfant se portait bien. Et durant ces jours, le cavalier galopait toujours. Finalement, il arriva à Rocrouge un soir alors que la nuit venait de tomber, et dans l'obscurité, il déposa l'enfant dans les bras du luthier qui dès qu'il croisa ce regard d'un bleu si pur et ce sourire gazouillant, adopta aussitôt l'enfant. « Comment s'appelle t-elle ? » demanda t-il tandis que dans la pénombre une voix lui répondait «  Dès qu'elle sera prête, nous viendrons pour elle. » puis la silhouette disparut, comme elle était apparut. Lothian se dirigea rapidement vers la chambre de son épouse qui s'était redressée, Elenei dormait dans un berceau à côté d'elle. Puis le forgeron déposa la fragile fillette dans les bras de son épouse et fit «  Voici notre deuxième fille maintenant. » Alanna sourit, fixant l'enfant et murmura « Elenwë. Elenwë et Elenei. La Déesse est généreuse... »

Le lendemain, Lothian annonça à tous que des jumelles étaient nées. Nul ne devait découvrir qu'ils avaient accueillis l'enfant d'une druidesse. Car ils étaient craint. Et Lothian voulait pour sa nouvelle fille une enfance paisible et joyeuse. Avant qu'on ne lui enlève. Mais il savait que ce moment, un jour, arriverait. Eydis avait été généreuse, oui, mais tout avait un prix. Toujours. Et ce ne fut pas Elenwë qui leur fut enlever en premier, mais la trop jeune Elenei qui ne survécut pas à l'hiver qui s'abattit. Dès lors, Elenwë fut leur seul trésor, le seul être qu'ils choyèrent. Alanna et Lothian n'eurent pas d'autres enfants, ils essayèrent, mais la Déesse refusa de leur accorder cette joie.

Enfant, Elenwë adorait deux choses. Elle aimait sentir le bois des luth sous ses doigts, observer son père les fabriquer, elle s'en émerveillait toujours, restant à ses côtés, debout de longues heures, dévorant, apprenant tout ce qu'elle pouvait apprendre, et elle écoutait sa mère jouer des instruments de musique, elle aimait la musique, le son la transperçait de par en par, elle se sentait vivante, elle rêvait. Et la proximité avec Mhian Dagga la faisait rêver. Elle voulait rencontrer un dragonnier, et un dragon aussi. Elle voulait voir si les dessins que son père lui faisait étaient exacts. Elle rêvait qu'elle partirait là-bas. Oh oui, elle voyagerait, elle qui n'était jamais allé plus loin que Rocrouge. Elle s'en irait ! Elle prendrait les provisions que ses parents gardaient soigneusement, en ferait un ballot, marcherait vers les montagnes, affrontant le froid, la faim, la peur, et même les loups et toutes les autres bêtes qu'elle risquait de rencontrer. Elenwë n'aurait peur de rien, elle serait invincible ! Et elle était convaincue, que si jamais on l'attaquait et qu'elle ne pouvait se défendre, alors elle verrait apparaître dans le ciel un point noir qui grossirait et grossirait jusqu'à prendre la forme d'un oiseau, et ensuite, elle s’apercevrait que c'était un dragon. Un vrai dragon. Et son dragonnier viendrait à son secours, et la protégerait le restant de ses jours et ils voyageraient partout. Mais son dragonnier n'avait pas visage, ni même de nom. Ou plutôt si, il avait tous les visages et tous les noms. Il était tout les hommes qu'elle croisait. Il n'était qu'un rêve qu'elle aurait du étouffer bien vite. Elenwë savait que jamais elle n'aurait, ni le courage, ni la force de partir de chez elle, elle aurait bien trop peur. Du froid, de la faim, du danger. Tout ce qu'elle s'imaginait braver aurait été fatal. Mais elle se disait que quand on pouvait on voulait, et qu'avec de la volonté, elle réussirait à faire tout ce qu'elle voulait. Trop fière pour s'avouer vaincue.
Le matin, parfois, la fillette est réveillée par sa mère qui joue d'un instrument, elle aime le violon. L'entendre. Au fil des années, elle a appris à reconnaître tous les sons. Elle est douée pour la musique lui dit souvent son père, très douée, dit sa mère. Mais ils lui demandent de ne pas le dire. Et étrangement, lorsqu'ils disent cela, la petite Elenwë sent qu'ils sont tristes, alors qu'ils ne devraient pas. Et elle ignore totalement pourquoi. Elle aimait la petite vie simple et heureuse qu'elle menait, rythmée par les entrées de client venus de très loin parfois. Lorsque son père avait le dos tourné, la fillette en profitait pour poser des questions aux voyageurs, leur demandant d'où ils venaient et à quoi cela ressemblaient chez eux. Elle voulait rêver, et à vrai dire, elle n'avait que ça pour s'évader. A trop s'intéresser au travail de son père, elle le gênait parfois. Alanna la rassurait en lui disant que ce n'était rien, qu'il avait besoin de calme, cela ne faisait que vexer Elenwë encore plus qui s'en allait jouer dehors par tous les temps. Elle aimait beaucoup se faire remarquer, que ce soit par son intelligence, sa vivacité, son habileté, ou alors par les nombreuses bêtises qu'elle faisait, entraînant avec elle les autres enfants du village. Elle trouvait le moyen de se faire pardonner rapidement en aidant à faire quelque chose. Elle aimait aider, oui, sans rien recevoir en échange, à part peut-être une friandise qu'on ne peut refuser. Puis toujours, elle scrutait le ciel. Ses amis se moquaient d'elle parfois, mais Elenwë savait très bien qu'eux aussi ils mourraient d'envie de rencontrer un dragonnier.

C'était le temps où elle était heureuse, où ses journées, même pluvieuse, étaient ensoleillées. Un temps où elle pouvait apprendre à jouer du luth, apprendre à chanter encore mieux qu'elle ne le faisait, où elle pouvait regarder son père travailler et écouter sa mère. Son enfance qui s'acheva un jour.

Ses parents avaient toujours su que ce jour arriverait, et Elenwë s'était toujours demandé pourquoi ils paraissaient plus anxieux à chaque fois que les beaux jours revenaient.

C'était un jour pluvieux, les montagnes étaient invisibles à cause de la brume. Son père travaillait à son atelier, Elenwë l'entendait, tandis que sa mère avait pris dans ses mains un violon. Mais elle ne jouait pas. Pas encore. Elle semblait attendre un client. Tout comme Elenwë qui s'ennuyait à mourir. Elle ne pouvait pas aller dehors, pas sous cette pluie battante, pourtant, cela ne lui aurait posé aucun problème. Sa mère ne voulait pas, disait que cela ne se faisait pas. Elle s'en fichait, elle, de ce qui se faisait ou non. Personne ne la jugeait, et si quelqu'un la jugeait, et bien, elle s'en fichait. Une silhouette se matérialisa soudain sur le perron tandis que sa mère faisait un mouvement pour se redresser, mais ce fut la jeune fille qui fut bien plus rapide et qui bondit littéralement vers la porte qu'elle ouvrit. Et elle fut clouée sur le seuil. Son cœur battait la chamade tandis qu'elle observait la silhouette de cet homme encapuchonné. Elle avait la terrible sensation de le connaître, la sensation qu'il n'était pas un client. Qu'elle était destinée à le rencontrer un jour ou l'autre. « Bonjour Elenwë » fit-il d'une voix grave tandis que la main d'Alanna s'abattait sur l'épaule de sa fille. Cette dernière ne comprenait pas. Son père avait arrêter de travailler sur l'instrument qu'il fabriquait. « C'est l'heure n'est-ce-pas ? » demanda t-il, comme résolu. « L'heure de quoi Père ? Et comment est-ce qu'il connaît mon prénom ? » Son père hausse les épaules tandis que sa mère se penche vers elle, et la serre contre elle, fort. Elle ne voit pas l'homme hoché la tête en réponse au luthier. « Ma chérie, il faut que tu sois courageuse. Tu dois t'en aller. » Le cœur de la jeune fille rate un battement « Quoi ? » balbutie t-elle. Elle aimerait croire que c'est une plaisanterie, une mauvaise plaisanterie. Très très mauvaise. Ce fut l'homme qui lui répondit « Tu dois me suivre dans la forêt de Riocht na Elve où tu suivras ta formation de druidesse. » Druidesse ? Elle ne comprenait toujours pas. Suivre un inconnu ? Ses parents n'allaient pas le laisser faire ! Les larmes lui brûlaient les yeux « Mes parents ne vous laisseront pas faire ça ! » jette t-elle, presque désespérée, et la réponse tombe, telle une claque « Ce ne sont pas tes parents. » Elenwë suffoqua tandis que sa mère s'éloignait, sans doute pour ne pas pleurer, mais lorsqu'elle revint, ce fut avec des affaires qu'elle tendit à sa fille. Détruite, elle n'eut le temps que de serrer quelques secondes ses parents contre elle avant de leur être arrachée. Et alors qu'elle fut hissée sur la selle d'un cheval elle entendit ses mots qui la marquèrent à jamais « Nous t'avons offert notre amour, notre protection, et toujours, tu auras notre nom ». Que lui avait répété son père lorsqu'elle était enfant ? Elenwë s'en rappelait aussi. Le sang ne comptait pas. Elle était leur fille. Elle aurait voulu le croire. Mais plus elle s'éloignait, plus elle hésitait, plus elle se perdait. Reviendrait-elle ? Elle ne le savait pas non plus. Ils n'étaient pas ses vrais parents, voudraient-ils toujours d'elle ? Tant que questions qui se posaient aux réponses douloureuses. Mais dans son malheur, elle avait ce qu'elle avait toujours souhaité : un destin différent. Sa route n'avait peut-être pas croisé celle d'un Dragonnier comme elle l'avait toujours souhaité, mais peut-être que quelque chose d'autre s'offrirait à elle ? D'un côté, son être souhaitait retrouver sa maison, ses amis, sa famille, et de l'autre, il était déchiré.

Amère, déçue, Elenwë eut l'impression de grandir le temps que dura le voyage jusqu'à Riocht na Elve. Ancienne demeure des elfes lui avait dit le druide. Kaïnan. Mais Elenwë ne s'était pas intéressée à ce qu'il disait, ou du moins, avait fait mine de ne pas l'être. Elle ne voulait pas le satisfaire, ni lui, ni aucun des autres. Elle ne voulait pas devenir comme lui. Elenwë faisait semblant de détester certaines choses, qui pourtant, l'intéressait, juste pour voir les druides plus âgés mécontents ou déçus. Elle était intelligente, elle le savait. Et elle avait soif de connaissance, mais sa fierté, son orgueil, sa rancune l'empêchait de faire tout ce qu'on souhaitait lui faire faire. Les seuls moments où la jeune fille se sentit parfaitement bien fut lorsqu'on l'amena aux bardes. Ils la calmèrent, le temps où elle était avec eux. Elle retrouvait dans leurs chants, leurs musiques les souvenirs enfouis de son enfance. Et ce qu'elle aimait par dessus tout, c'était de leur parler, parce qu'elle apprenait une foule de chose. Mais là encore, elle retenait ses sourires, faisait la moue souvent même si parfois, elle ne pouvait cacher un vrai sourire, ou une lueur de joie qui brillait dans ses yeux clairs. Tout ce qu'elle voulait, c'était qu'on la laisse en paix. Mais les druides jour après jour, faisaient peser sur ses épaules un poids qu'elle n'était pas prête à porter, qu'elle ne voulait pas porter. Après tout, ils avaient détruit sa vie. Elle ne voulait pas les aider. Une partie d'elle le désirait bien sûr, car sous sa rancune se cache de la culpabilité et trop de fierté aussi. Un à un, elle assimila les rituels, les incantations, elle apprit à parler différentes langues, elle apprit à soigner. Elle le faisait en silence, mécontente. Elle aimait apprendre, mais elle ne voulait pas apprendre ça. Elle faisait des remarques bien sûr, pour montrer son aigreur et son mécontentement. Mais on l'ignorait. On ne voyait principalement que son potentiel, que ce qu'elle représentait. Et cela la mettait en colère. Elle n'était pas un pion qu'on déplaçait, qu'on manipulait. Et pourtant, elle sentait qu'au fond, son destin était sûrement tracé, et qu'elle s'y plierait.

Le seul qui comprit son envie de s'évader, de partir, fut Áedán un druide tout comme elle, qui possédait une boutique dans la capitale. Il lui proposa un travail, chercher des objets. Curieuse de nature, Elenwë ne fut pas longue à accepter, et à repartir à la chasse. Elle a toujours aimé découvrir. Et qui sait, peut-être qu'un jour, un objet l’amènera à retourner chez elle ? Chez ses parents... Mais ces années passées au Riocht na Elve lui avait appris qu'avant d'être la fille de ses parents, qu'ils soient adoptifs ou non, elle était l'enfant d'Eydis, la Grande Déesse, qui était partout, dans l'air, sur terre, dans le vent qui murmurait entre les branches, dans l'eau d'une rivière qui coulait, sauvage et téméraire.

Pseudo : castamere rains, Gritsou
Âge : un an de plus que l'année dernière.
Sexe : Féminin.
Comment avez vous découvert le forum? ASOIF et Bazzart.
Ce que vous aimeriez dire pour conclure : Jamais deux sans trois on dit. Cette fois est la bonne *baf*